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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/214

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BEAUTÉ

La beauté, c’est l’harmonie du hasard et du bien.

Le beau est le nécessaire, qui, tout en demeurant conforme à sa loi propre et à elle seule, obéit au bien.

Objet de la science : le beau (c’est-à-dire, l’ordre, la proportion, l’harmonie) en tant que suprasensible et nécessaire.

Objet de l’art : le beau sensible et contingent, perçu à travers le filet du hasard et du mal.

Le beau dans la nature : union de l’impression sensible et du sentiment de la nécessité. Cela doit être ainsi (en premier lieu), et précisément cela est ainsi.

La beauté séduit la chair pour obtenir la permission de passer jusqu’à l’âme.

Le beau enferme, entre autres unités des contraires, celle de l’instantané et de l’éternel.