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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/234

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Rien d’étonnant qu’il y ait tant de mal dans une civilisation — la nôtre — viciée à sa base et dans son inspiration même par cet affreux mensonge. La malédiction d’Israël pèse sur la chrétienté. Les atrocités, l’Inquisition, les exterminations d’hérétiques et d’infidèles, c’était Israël. Le capitalisme, c’était Israël (ce l’est encore dans une certaine mesure…). Le totalitarisme, c’est Israël, notamment chez ses pires ennemis.

Il ne peut y avoir de contact personnel entre l’homme et Dieu que par la personne du Médiateur. En dehors du Médiateur, la présence de Dieu à l’homme ne peut être que collective, nationale. Israël a simultanément choisi le Dieu national et refusé le Médiateur ; il a peut-être tendu de temps à autre au véritable monothéisme, mais toujours il retombait, et ne pouvait pas ne pas retomber, au Dieu de tribu.

L’homme qui a contact avec le surnaturel est par essence roi, car il est la présence dans la société, sous forme d’infiniment petit, d’un ordre transcendant au social.

Mais la place qu’il occupe dans la hiérarchie sociale est tout à fait indifférente.

Quant au grand dans l’ordre social, seul en est susceptible celui qui a capté une grande partie de l’énergie du gros animal. Mais il ne peut avoir part au surnaturel.

Moïse, Josué, telle est la part de surnaturel de ceux qui ont capté beaucoup d’énergie sociale.

Israël est une tentative de vie sociale surnaturelle. Il a réussi, on peut le supposer, ce qu’il y a de mieux dans le genre. Inutile de recommencer. Le résultat montre de quelle révélation divine le gros animal est capable.

Isaïe le premier apporte de la lumière pure.