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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/94

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L’obéissance est la vertu suprême. Aimer la nécessité. La nécessité est ce qu’il y a de plus bas par rapport à l’individu (contrainte, force, une « dure nécessité ») ; la nécessité universelle en délivre.

Il y a des cas où une chose est nécessaire du seul fait qu’elle est possible. Ainsi manger quand on a faim, donner à boire à un blessé mourant de soif, l’eau étant tout près. Ni un bandit ne s’en abstiendrait ni un saint.

Par analogie, discerner les cas où, bien que cela n’apparaisse pas aussi clairement à première vue, la possibilité implique une nécessité. Agir dans ces cas et non dans les autres.

Le grain de grenade. On ne s’engage pas à aimer Dieu, on consent à l’engagement qui a été opéré en soi-même sans soi-même.

Faire seulement, en fait d’actes de vertu, ceux dont on ne peut pas s’empêcher, ceux qu’on ne peut pas ne pas faire, mais augmenter sans cesse par l’attention bien dirigée la quantité de ceux qu’on ne peut pas ne pas faire.

Ne pas faire un pas, même vers le bien, au delà de ce à quoi on est poussé irrésistiblement par Dieu, et cela dans l’action, dans la parole et dans