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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/112

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la voie de l’amour. (Phèdre, Banquet.) C’est l’amour sauveur. Platon décrit dans la République son opposé, l’amour qui perd, l’amour infernal, qu’il nomme amour tyrannique.

Le Phèdre indique une voie de salut qui n’est intellectuelle à aucun degré, qui ne comporte rien qui ressemble à l’étude, à la science, à la philosophie, le salut par le sentiment seul, et au début un sentiment tout à fait humain ; l’amour qui consiste à devenir amoureux. Doctrine de l’amour platonique, qui a eu une fortune si prodigieuse et a imprégné tant de pays. Europe. Arabes.


« L’âme tout entière est immortelle [preuve : elle est principe de mouvement][1]. »

« Quant à sa structure, voici ce qu’il faut en dire. La décrire tout à fait serait une entreprise divine et longue ; mais ce sera chose humaine et moins considérable que de l’exprimer comme voici[2]. »


[Suit une comparaison remontant à une haute antiquité. Car on la trouve dans des textes hindous probablement à peu près contemporains de Platon. Cette image doit donc remonter au temps où les populations des deux pays formaient un seul peuple.]


« Il faut la comparer aux propriétés qui appartiennent à un char ailé et à un cocher. Chez les dieux, tout est bon et de bonne origine, chevaux et cocher ; chez les autres il y a mélange. Et d’abord le cocher en nous dirige une paire de chevaux ; et de ces chevaux l’un est beau et bon, né de parents beaux et bons ; c’est le contraire pour l’autre. Ainsi, par nécessité, la conduite de notre attelage est difficile. Voici l’origine des vivants immortels et mortels. Tout ce qui est âme a soin de ce qui est sans âme et parcourt le ciel en passant par des formes qui changent. L’âme parfaite et ailée va par les airs et gouverne le monde entier. Celle qui perd ses ailes est

  1. Phèdre, 245 c.
  2. Phèdre, 246 a.