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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/147

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SUR LA RÉPUBLIQUE

République V, 472 b.


« Si nous trouvons ce qu’est la justice [i.e. la justice en soi, comme attribut de Dieu], est-ce que nous poserons qu’il convient que l’homme juste ne doit en rien différer d’elle ? Qu’il doit être à tous égards la même chose que la justice ? Ou bien serons-nous satisfaits s’il est aussi près d’elle que possible et s’il y a part plus que les autres hommes ? — Soyons satisfaits ainsi. — Alors pour avoir un modèle cherchons la justice elle-même ; cherchons ce qu’elle est ; et cherchons l’homme parfaitement juste, en supposant qu’il puisse prendre naissance, et quel il serait au cas où il aurait pris naissance. Et de même pour l’injustice et l’injuste. Ainsi regardant vers eux nous verrons ce qui nous apparaîtra manifestement de leur bonheur et de leur malheur. Et nous serons forcés de convenir, par rapport à nous autres, que celui qui ressemble le plus à l’un des deux a le plus de part à sa destinée. C’est cela que nous allons chercher ; et non pas à montrer que ces choses sont possibles. Tu ne penserais pas moins de bien d’un peintre, qui ayant fait le portrait du modèle de ce que serait un homme parfaitement beau, et ayant tout rendu comme il convient dans son dessin, serait incapable de prouver que l’existence d’un tel homme est possible. »


Ainsi à propos de la justice Platon distingue :

1o les hommes justes, qui tous, même les meilleurs, sont plus ou moins justes.

2o la justice en soi, i.e. la justice comme attribut de Dieu.