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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/42

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L’amour du fils pour les parents, du père, de la mère pour le fils, est sans cesse indiqué d’une manière aussi brève que touchante :


Elle répondit, Thétis, en répandant des larmes :
« Tu m’es né pour une courte vie, mon enfant, comme tu parles… »


De même l’amour fraternel :


Mes trois frères, que m’avait enfantés une seule mère,
Si chéris


L’amour conjugal, condamné au malheur, est d’une pureté surprenante. L’époux, en évoquant les humiliations de l’esclavage qui attendent la femme aimée, omet celle dont la seule pensée souillerait d’avance leur tendresse. Rien n’est si simple que les paroles adressées par l’épouse à celui qui va mourir :


Il vaudrait mieux pour moi,
Si je te perds, être sous terre ; je n’aurai plus
D’autre recours, quand tu auras rencontré ton destin,
Rien que des maux


Non moins touchantes sont les paroles adressées à l’époux mort :


Mon époux, tu es mort avant l’âge, si jeune ; et moi, ta veuve,
Tu me laisses seule dans ma maison ; notre enfant encore tout petit
Que nous avons eu toi et moi, malheureux. Et je ne pense pas
Que jamais il soit grand
....................
Car tu ne m’as pas en mourant de ton lit tendu les mains,
Tu n’as pas dit une sage parole, pour que toujours
J’y pense jour et nuit en répandant des larmes.