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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/61

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ÉLECTRE

Non, je t’en supplie, ne m’enlève pas tout ce que j’aime.

ORESTE

Je ne lâcherai pas.

ÉLECTRE

Malheureuse que je suis par toi,
Oreste, si je me trouve privée de ta sépulture !

ORESTE

Il ne te convient pas de tenir cela[1].

ÉLECTRE

Je suis donc à ce point indigne de celui qui est mort ?

ORESTE

Tu n’es indigne de personne, toi. Mais ceci ne t’appartient pas.

ÉLECTRE

Pourtant, puisque c’est le corps d’Oreste que je tiens là ?

ORESTE

Mais ce n’est pas le corps d’Oreste, sinon par feinte.

ÉLECTRE

Et lui, le malheureux, où se trouve son tombeau ?

ORESTE

Il n’y en a pas. Un vivant n’a pas de tombeau.

ÉLECTRE

Que dis-tu, mon enfant ?

ORESTE
Nul mensonge en mes paroles.
  1. Je restitue ce vers de mémoire, il manque dans mes papiers. (Note de S. Weil.)