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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/80

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les systèmes dans une synthèse supérieure, tantôt de son maître Socrate, tantôt de traditions grecques secrètes dont nous ne savons presque rien sinon par lui, la tradition orphique, la tradition des mystères d’Éleusis, la tradition pythagoricienne qui est la mère de la civilisation grecque, et très probablement des traditions d’Égypte et d’autres pays d’Orient. Nous ne savons pas si Platon était ce qu’il y a de mieux dans la spiritualité grecque : il ne nous est pas resté autre chose. Pythagore et ses disciples sans doute encore plus merveilleux.

2o Nous ne possédons de Platon que les œuvres de vulgarisation destinées au grand public. On peut les comparer aux paraboles de l’Évangile. Du fait que telle idée ne s’y trouve pas, ou ne s’y trouve pas explicitement, rien ne permet de penser que Platon et les autres Grecs ne l’avaient pas.

Il faut essayer de pénétrer à l’intérieur en s’attardant sur des indications parfois très brèves, en rapprochant des textes dispersés.

Mon interprétation : Platon est un mystique authentique, et même le père de la mystique occidentale.


Textes sur Dieu.

(Remarque sur θεοί, θεός, ὁ θεός. Θεοί : Ou il s’amuse. Ou : la divinité [cf. Élohim]. Ou souvent quelque chose d’analogue aux anges : êtres finis, mais parfaitement purs.)


Théétète, 176 :

Théodore : « Socrate, si tu persuadais tout le monde autant que moi, il y aurait davantage de paix et moins de mal parmi les hommes. »

Socrate : « Mais il n’est pas possible que le mal disparaisse, Théodore. Car il est nécessaire qu’il y ait toujours quelque chose qui soit plus ou moins contraire au bien (ὑπεναντίον). Et cette chose ne peut pas avoir son siège parmi les dieux ; mais il est nécessaire qu’elle circule au milieu de la nature mortelle, dans ce monde-ci. C’est pourquoi il faut s’efforcer de fuir d’ici-bas le plus rapidement qu’on peut. La fuite, c’est l’assimilation àn