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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/113

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L’ENSEIGNEMENT
DES MATHÉMATIQUES


Je voudrais ici à la fois dénoncer une conception qui, bien que commune à beaucoup de révolutionnaires, me paraît dangereuse et fausse, et faire part à mes camarades d’une expérience pédagogique personnelle.

On sait que Bouasse, sous la forme violente et spirituelle qui lui est propre, a souvent répété que les mathématiques ne sont pour le physicien qu’un langage au moyen duquel il peut exprimer commodément les résultats de l’expérience. Cette idée, qui se retrouve chez Henri Poincaré et chez un grand nombre de philosophes bourgeois, est considérée par Louzon comme ayant une valeur révolutionnaire. Les articles de Barrué et du camarade R… dans l’Université syndicaliste montrent que syndicalistes révolutionnaires et communistes orthodoxes sont d’accord pour juger « bourgeois » tout ce qui est purement théorique.

La question mérite d’être longuement examinée. Pour l’instant, je veux me borner à signaler que, si nous devons dénoncer, avec Marx, « la honteuse division entre travail intellectuel et travail manuel », cela ne signifie nullement qu’il faille confondre théorie et pratique. La culture d’une société socia-