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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/163

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fini de cas particuliers également probables par lesquels l’état considéré est réalisé ».

Il apparaît clairement dans ces lignes de Planck que ce qui introduit ici la discontinuité, ce n’est nullement l’expérience — bien que des mesures expérimentales aient dû nécessairement intervenir dans la détermination du chiffre — mais uniquement l’usage de la notion de probabilité. Il y a une transition naturelle entre la notion d’entropie et celle de probabilité, par cette considération que, si un système, supposé isolé de l’extérieur, peut passer de l’état A à l’état B, mais non pas inversement, par quelque chaîne d’intermédiaires que ce soit, l’état B est plus probable que l’état A par rapport à ce système. Or au moment même où s’élaboraient ces conceptions apparaissait aussi le hasard lié à l’atome. L’observation du mouvement brownien montrait qu’un fluide qui est homogène et en repos à l’échelle de nos yeux n’est ni homogène ni en repos à l’échelle du microscope ; chose, certes, très peu surprenante. Or un fluide en équilibre est parfaitement défini, à notre échelle, par les conditions de l’équilibre, au lieu que nous n’avons aucun moyen, en fait, de définir l’état de mouvement de ce même fluide à l’échelle microscopique. D’une manière générale, un système défini à notre échelle ne l’est pas à l’échelle moléculaire ; on peut seulement supposer le système d’atomes qui, à notre échelle, nous apparaîtrait comme un système donné. Mais si l’on établit cette espèce de correspondance, à un état bien défini d’un système à notre échelle correspond plus d’une combinaison d’atomes ; par suite, si l’on transporte la nécessité parmi les atomes, chacune de ces combinaisons possibles est susceptible d’entraîner, à un moment ultérieur, un état différent