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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/186

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tait sérieusement, après l’avoir visitée, que dans chaque village de France on remplaçât l’église par un Palais de la Découverte en miniature.

La collection « Présences », on le sait, est d’inspiration catholique. Il est juste que les catholiques remettent le Palais de la Découverte à sa place légitime par rapport à l’Église. Ils n’ont que trop tardé ; ils ne se laissent que trop imprégner par l’atmosphère même qu’ils veulent abolir, tant est grand l’empire de l’époque où l’on vit. Ainsi le R.P. Sertillanges, dans un essai plein de bon sens, montre qu’aucun homme de talent n’a été pleinement scientiste, parce que les limites de la science sont évidentes. Mais il ajoute : « Renan a eu raison d’écrire : « Le grand règne de l’esprit ne commencera que quand le monde matériel sera parfaitement soumis à l’homme. » Or telle est l’œuvre de la science. » Très probablement le R.P. Sertillanges veut dire seulement que la contemplation exige du loisir, et que parmi les conditions du loisir se trouve la technique. Mais en fait il dit tout autre chose ; et on serait tenté de lui demander si la domination du monde par l’esprit humain n’est pas ce qui définissait le Paradis terrestre, si l’homme n’est pas devenu soumis à la chair et à la matière, qui lui imposent entre autres contraintes celle du travail, en même temps qu’il est devenu pécheur, et si ce qu’a fait le péché peut être défait autrement que par la grâce.

Daniel-Rops expose de nouveau, avec beaucoup de clarté et de talent, les conceptions naguère diffusées par le groupe « Ordre Nouveau ». Elles sont simples. La technique actuelle tend à réduire à presque rien la part du labeur humain dans la fabrication des produits, et du même coup aussi le profit du capital et la valeur des marchandises