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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/251

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l’éloge de la μανία[1] inspirée par les dieux, il dit que Dionysos inspire celle des mystères, il témoigne de l’existence d’une tradition mystique. Car cette μανία ne peut consister qu’en états extatiques ; il ne saurait être question d’états collectifs semi-délirants. Quand des rites combinés à des enseignements s’accompagnent d’états d’extase, il doit y avoir des pratiques mystiques.

À ce propos, on ne peut séparer Eschyle du reste de la pensée grecque parce qu’il était initié à Éleusis. Cela semble avoir été le cas, pratiquement, de tout le monde ; tous ceux qui comptaient.

Il y a un texte très singulier dans le Philèbe. « C’est un présent des dieux aux hommes, je crois, qui est tombé de chez les dieux, grâce à quelque Prométhée, en même temps que quelque feu très lumineux ; et les anciens (παλαιοί), valant mieux que nous et habitant plus près des dieux, nous ont transmis cet oracle ; à savoir que toutes les choses qu’on dit être toujours sont composées de l’un et du plusieurs, et ont comme propriétés intrinsèques (ἔμφυτον) la limite et l’illimité (ἄπειρος). » La suite explique que, pour toute recherche sur un sujet quelconque, il faut saisir l’idée unique qui embrasse tout le sujet — puis les idées, en nombre limité, qui permettent de qualifier, classer, mettre en ordre les choses embrassées par l’idée unique — et seulement une fois toutes ces idées trouvées, passer à la variété illimitée des choses dont il est question. Ex. 1o le son ; 2o le grave, l’aigu, les intervalles, etc. ; 3o les sons. Platon dit que les savants (σοφοί) modernes ne savent plus employer convenablement cette méthode.

  1. Folie.