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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/279

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FRAGMENT


De tout temps sans doute, à l’occasion du jeu et par l’épreuve du travail, les hommes ont formé la notion de la matière inerte, qui bouge seulement si on la pousse. La notion de l’immobilité est une notion définie. En revanche la notion de mouvement n’est pas définie, parce qu’en même temps que le changement de position le temps y intervient. À toute époque peut-être, et en tout cas dès l’époque grecque, le mouvement uniforme est apparu comme la forme de mouvement qui se définit et définit les autres, ainsi que la droite se définit et définit les autres lignes ; et les Grecs l’ont attribué aux astres, parce qu’ils sont parfaits et soustraits aux hasards. Ils n’avaient pas d’autre raison ; on ne peut pas en avoir d’autre ; car comment mesurer le mouvement sans mesurer le temps, et comment mesurer le temps ? L’hypothèse du mouvement uniforme rend compte de la régularité dans les apparences célestes, mais on pourrait en rendre compte aussi en attribuant à la sphère céleste, au soleil, à la lune, aux planètes des mouvements variés, si on les fait varier convenablement. C’est d’ailleurs ce que nous faisons aujourd’hui, excepté pour la sphère céleste, puisque nous attribuons aux astres une accélération ; mais