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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/283

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DU FONDEMENT
D’UNE SCIENCE NOUVELLE


La limite est la loi du monde manifesté. Dieu seul (ou quelque nom qu’on veuille employer) est sans limites. (Sous un autre aspect, la relation est la loi du monde manifesté, Dieu seul est sans relation.) L’homme qui est du monde et tient de Dieu, met l’illimité et l’absolu dans le monde, où ils sont erreur ; cette erreur est souffrance et péché, et les êtres, même les plus ignorants, sont déchirés par cette contradiction. Le désir est illimité dans son objet, et limité en son principe, ainsi que toute activité procédant du désir, par la fatigue qui le condamne à mort d’avance. La terreur met un absolu dans quelque chose d’extérieur et porte un être humain à nier sa propre existence (nihil sum, perii, disent les esclaves de Plaute). La délivrance est de lire la limite et la relation dans toutes les apparences sensibles, sans exception, aussi clairement et immédiatement qu’un sens dans un texte imprimé. La signification d’une science véritable est de constituer une préparation à la délivrance.

L’équilibre, en tant que l’équilibre définit des limites, est la notion essentielle de la science ; par cette notion tout changement, donc tout phénomène, est considéré comme une rupture d’équilibre, lié