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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/292

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en ce sens qu’elles sont « injustes », comme le dit Anaximandre. Cette tendance des phénomènes à l’expansion, c’est ce que Galilée, considérant le mouvement droit comme le phénomène fondamental, a exprimé par le principe d’inertie. Si on admet le vide, cette tendance ne comporte en elle-même aucune limite (sinon que l’uniformité de la vitesse est une limite à un certain égard), et c’est pourquoi il faut la combiner avec la notion de force, qui, elle, comporte une limite. Car la force telle que nous la concevons s’exerce de manière à se supprimer. L’attraction se supprime en supprimant la distance, l’élasticité par la distension, etc. Ce qui produirait l’arrêt de toutes choses sans l’inertie ; l’inertie, combinée avec la force, produit des cycles, et l’invariant correspondant est exprimé par le principe de la conservation de l’énergie. Tel est le système composé d’une balle parfaitement élastique soumise à la pesanteur et lâchée d’une certaine hauteur au-dessus d’une surface parfaitement dure, lisse et horizontale. Ces cycles se reproduisent indéfiniment. (Ce cycle où la vitesse varie de zéro à un maximum est à la base de notre mécanique et nous y réduisons même les astres, au lieu que les Grecs avaient à la base de la leur le mouvement circulaire uniforme.)

La limite produit ici seulement un aller et retour de contraire à contraire par accroissement et diminution de quantité. Une autre conception de la limite correspond à un changement de nature.