Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/45

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Bien plus, il faut considérer au sujet des sciences : Ita omnes inter se esse connexas, ut longe facilius sit cunctas simul addiscere, quam unicam ab aliis separare[1]. (Regulae, p. 361.) Aussi un homme quelconque, si médiocres que soient son intelligence et ses talents, peut-il, s’il s’y applique, connaître tout ce qui est à la portée de l’homme ; tout homme … statim atque distinxerit circa singula objecta cognitiones illas quae memoriam tantum implent vel ornant, ab iis propter quas vere aliquis magis eruditus dici debet, quod facile etiam assequetur… : sentiet omnino se nihil amplius ignorare ingenii defectu vel artis, neque quidquam prorsus ab alio homine sciri posse, cujus etiam non sit capax, modo tantum ad illud idem, ut par est, mentem applicet[2]. (Regulae, p. 396.)

La mathématique ainsi considérée règne sur la physique cartésienne, mais non comme sur la nôtre ; elle n’y joue pas le rôle de langage, elle constitue la connaissance du monde. Il est faible de dire, quoique Descartes le dise lui-même, que la physique cartésienne est purement géométrique ; la vérité est que la géométrie en Descartes est par

    du soleil de la variété des choses qu’elle éclaire, il n’est pas besoin d’imposer des bornes à l’esprit : la connaissance d’une vérité ne nous empêche pas en effet d’en découvrir une autre comme l’exercice d’un art nous empêche d’en apprendre un autre, mais bien plutôt elle nous y aide. »

  1. « Il faut donc bien se convaincre que toutes les sciences sont tellement liées ensemble, qu’il est plus facile de les apprendre toutes à la fois, que d’en isoler une des autres. »
  2. « …Chaque fois qu’il aura distingué, à propos de chaque objet, les connaissances qui ne font que remplir ou orner la mémoire, de celles qui font dire de quelqu’un qu’il est vraiment plus savant, distinction qu’il est facile aussi de faire… il s’apercevra certainement qu’il n’ignore plus rien par manque d’intelligence ou de méthode, et que personne d’autre ne peut rien savoir qu’il ne soit capable de connaître lui aussi, pourvu seulement qu’il y applique son esprit comme il convient. »