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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/44

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véritable ne consiste qu’à bien diriger sa raison, il n’y a pas inégalité, ni entre les sciences, ni entre les esprits. Une science ou une partie d’une science ne peut être plus difficile que n’importe quelle autre. Atqui notandum est illos, qui vere sciunt, aequa facilitate dignoscere veritatem, sive illam ex simplici subjecto, sive ex obscuro eduxerint : unamquamque enim simili, unico, et distincto actu comprehendunt, postquam semel ad illam pervenerunt ; sed tota diversitas est in via, quae certe longior esse debet, si ducat ad veritatem a primis et maxime absolutis principiis magis remotam[1]. (Regulae, p. 401.) Aucun homme ne doit donc renoncer à aborder une partie quelconque de la connaissance humaine parce qu’il juge qu’elle dépasse sa portée, ni non plus parce qu’il croit ne pouvoir faire de progrès sérieux dans une science qu’à condition de s’y spécialiser. Nam cum scientiae omnes nihil aliud sint quam humana sapientia, quae semper una et eadem manet, quantumvis differentibus subjectis applicata, nec majorem ab illis distinctionem mutuatur, quam Solis lumen a rerum, quas illustrat, varietate, non opus est ingenia limitibus ullis cohibere ; neque enim nos unius veritatis cognitio, veluti unius artis usus, ab alterius inventione dimovet, sed potius juvat[2]. (Regulae, p. 360.)

    soit ; et, pour parler librement, je suis convaincu qu’elle est préférable à toute autre connaissance que nous aient enseignée les hommes, puisqu’elle en est la source. »

  1. « Or il faut noter que ceux qui savent véritablement reconnaissent la vérité avec une égale facilité, qu’ils l’aient tirée d’un sujet simple ou d’un sujet obscur ; c’est en effet par un acte semblable, un et distinct, qu’ils comprennent chaque vérité, une fois qu’ils y sont parvenus ; toute la différence est dans le chemin, qui certainement doit être plus long, s’il conduit à une vérité plus éloignée des principes premiers et absolus ».
  2. « Car, étant donné que toutes les sciences ne sont rien d’autre que la Sagesse humaine, qui demeure toujours une et toujours la même, si différents que soient les objets auxquels elle s’applique, et qui ne reçoit pas plus de changement de ces objets que la lumière