Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/62

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mari et Mattie rentraient tard du village, de laisser la clé de la cuisine sous le paillasson. Ethan s’arrêta devant la porte, la tête lourde de rêves. Son bras entourait encore la taille de Mattie.

— Mattie… commença-t-il, ne sachant ce qu’il allait dire.

Sans un mot, elle se dégagea doucement. Alors il se baissa pour chercher la clé.

— Elle n’est pas là, dit-il, se redressant tout d’un coup.

Jamais pareille chose ne leur était arrivée, et leurs regards inquiets se cherchèrent à travers la nuit glacée.

— Peut-être l’a-t-elle oubliée, dit Mattie, d’une voix mal assurée.

Mais tous deux savaient bien que Zeena n’oubliait jamais.

— À moins qu’elle ne soit tombée dans la neige ? continua Mattie après un moment de silence, pendant lequel ils avaient prêté l’oreille.

— Il faudrait alors qu’on l’eût poussée, répliqua Frome sur le même ton.

Une idée folle lui traversa la tête : « Si des chemineaux étaient passés par là, et si… »

Il recommença de prêter l’oreille, s’imaginant qu’il entendait un faible bruit à l’intérieur de la maison.