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ESCALADES DANS LES ALPES.

Roulée et emballée, elle offrait l’aspect qu’elle présente dans le portrait de Meynet au chapitre XV ; deux personnes pouvaient aisément la dérouler et la dresser en trois minutes, point essentiel quand le temps est mauvais[1].

Cette tente est surtout propre aux campements dans les altitudes élevées ou dans les climats froids. Si elle n’est pas, telle que je viens de la décrire, complétement imperméable, on peut lui donner cette propriété en la couvrant avec du mackintosh, ce qui n’augmente guère le poids que d’un kilogramme, et ce qui la rendrait propre à tous les usages. Je le ferai en outre remarquer, elle ressemble sous tous les rapports essentiels à celle que sir Léopold M’Clintock a perfectionnée après une longue expérience pour les entreprises arctiques ; l’emploi fréquent qu’en ont fait un grand nombre de personnes dans des conditions très-variées a démontré qu’elle est d’un usage aussi commode que pratique[2].

Le dimanche 6 juillet fut une journée pluvieuse, et il tomba de la neige sur le Cervin ; cependant je me mis en route le 7 au matin avec nos trois hommes, et nous suivîmes ma route de l’année précédente. On me pria de marcher en tête de la colonne, puisque j’étais le seul qui eût déjà essayé de gravir la montagne ; mais je me distinguai peu en cette occasion, car je conduisis mes compagnons presque au sommet du petit pic avant d’avoir reconnu mon erreur. Ma petite troupe étant prête à s’insurger, une exploration eut lieu vers la droite, et il fut constaté

  1. J’ai décrit cette tente en détail parce qu’on s’est très-souvent adressé à moi pour me demander des renseignements. Je dois donc recommander très-fortement à toute personne qui désirera en avoir une, pour s’en servir souvent et longtemps, de la faire fabriquer sous ses yeux et d’éprouver avec un soin tout particulier la solidité des bâtons. L’expérience me l’a démontré, les bâtons qui pourront supporter (soutenus par leurs extrémités) un poids mort de 37 kilogrammes, suspendu à leur centre, résisteront à tous les vents auxquels ils seront exposés. Le bois du frêne est peut-être le meilleur que l’on puisse choisir.
  2. Ce modèle a été employé, entre autres, par M. Freshfield, Moore et Tucker, dans le Caucase ; par le Rév. W. H. Hawker, en Corse ; et par moi-même dans le Groënland.