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CHAPITRE VII.

350 mètres environ ; et un observateur inexact ne saurait apprécier la valeur d’une seconde. Nous étions donc par moments, j’en suis certain, à une distance moindre de l’éclair, car je le vis souvent passer devant plusieurs points bien connus de l’arête, au-dessus et au-dessous de nous, dont nous étions éloignés de moins (parfois de beaucoup moins) de 300 mètres.

Le second fait est relatif à la difficulté que l’on éprouve à distinguer le son qui se produit en même temps que la lueur de sons qui sont simplement les échos du tonnerre véritable. Arago a traité ce sujet d’une manière assez longue dans ses Essais météorologiques, et il semble douter qu’il soit toujours possible de déterminer si les échos sont toujours la cause de ces roulements appelés vulgairement tonnerre. Je ne tenterai pas de démontrer si les roulements doivent ou ne doivent pas être considérés comme le tonnerre réel, mais je veux seulement constater que pendant cette tempête, dont je fus le témoin sur le Cervin, il était parfaitement possible de distinguer le bruit du tonnerre lui-même des sons (roulements ou éclats) qui étaient simplement l’écho du coup originel.

De notre campement, on pouvait entendre un écho très-remarquable (si remarquable que partout où il existerait on accourrait en foule pour l’écouter). Dans mon opinion, il nous était renvoyé par les parois escarpées de la Dent d’Hérens. Crier pour lui faire répéter nos cris, était notre amusement favori ; car il répétait chaque note aiguë, plusieurs fois, d’une manière très-distincte, environ douze secondes après. La tempête, qui dura près de deux heures, redoubla de violence à plusieurs reprises ; à peine un éclair avait-il brillé que les montagnes voisines nous renvoyaient les roulements prolongés du tonnerre, et de nouveaux coups, qui éclataient presque en même temps, se confondaient avec ceux que nous entendions encore ; de sorte qu’il n’y avait presque jamais un instant de calme et de silence.

Si je n’avais pas connu précédemment l’existence de cet écho, j’en aurais pris les répétitions successives pour les premières répétitions d’explosions que je n’avais pas entendues, car elles