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Page:Widor - Initiation musicale.djvu/102

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INITIATION MUSICALE

a livré le secret. Sur le rapport entre les degrés de la gamme et leur figuration ancienne, il y a peu de divergence. Simon sur les valeurs rythmiques, du moins sur celle de ces degrés, les traducteurs sont généralement d’accord.

Les notes de la gamme étaient représentées par les lettres de l’alphabet et certains signes spéciaux, quelquefois même par la même lettre sous différents aspects : le kappa, par exemple, tantôt droit, tantôt couché, tantôt retournés
Κ . Κ
Un trait ( ─ ) valait deux temps ; deux traits a angle droit ( _| ), trois temps.

Les rares pièces dont nous avons hérité semblent, presque toutes, rythmées à trois-huit, six-huit, trois ou cinq temps (ce dernier mouvement très élastique, déterminé par le vers, la volute de la phrase, l’importance du mot, la sonorité des voyelles). En déduire une théorie, conclure à l’exclusivisme d’autres rythmes, serait absurde. Aucun exemple d’un deux-quatre, du pas cadencé, de nos marches militaires[1]

On le voit, malgré les efforts, les recherches, nous ne saurions rien de ce passé, si, leur territoire envahi, les Grecs n’avaient à leur tour envahi celui du vainqueur et transplanté dans Rome le génie de leur race, la règle de leur art.

Et l’église latine, pénétrée de cet esprit, va bientôt nous transmettre les plus précieux témoignages de la mélopée antique, avec leurs tonalités

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  1. Dans les cortèges, en avant et autour du César victorieux, il devait y avoir, comme dans nos défilés militaires, des coportes en ordre réglé et sans doute rythmé… Mais la foule qui chantait l’hymne de gloire, le Lauda Sion peut-être, suivait sans discipline, sans chef de chœurs, piétinant comme la foule qui accompagne à sa dernière demeure un citoyen de marque.