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Page:Widor - Initiation musicale.djvu/105

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LES ORIGINES DE LA MUSIQUE

phonaire. Ils font le tri des mélopées anciennes pour n’en conserver que les plus caractéristiques, celles qui « restent », celles qui, une fois entendues, ne s’oublient plus.

Aux textes grecs ils substituent des paroles latines.

Une légende nous dit que saint Ambroise et saint Augustin adaptèrent le poème du Te Deum à la mélopée improvisée, le soir de Salamine, par un distingué cythariste, chef des chœurs, le jeune Sophocle.

Une autre légende attribue l’œuvre immortelle à Nicétas, évêque de Rémésiana[1] (province du Danube), ive siécle.

Nous l’avons constaté ailleurs : deux courants se sont rencontrés pour former l’Antiphonaire, l’un venant de Grèce, l’autre de Judée.

Les Grecs ne vocalisaient point[2] ; par conséquent tout ce qui n’est pas syllabe contre note, note contre syllabe, est d’origine hébraïque. Exemples : les Graduel, les Alleluia de la messe.

Le Graduel, verset qui succède à l’Épître, était jadis vocalisé par un soliste sur les marches de l’ambon, petite tribune surélevée de quelques « degrés ».

C’était aussi un soliste qui vocalisait l’Alleluia.

L’ensemble du chant liturgique a été constitué entre les vie et viie siècles. Les plus anciens manuscrits datent du ixe siècle.

Pendant deux cents ans, la mélopée liturgique s’est transmise oralement, de vieux à jeune clerc, chacun pouvant ajouter, retrancher, modifier suivant ses moyens, suivant

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  1. Aujourd’hui Neo Palenka (Serbie).
  2. Rappelons-nous, ci-devant page 99, le témoignage d’Aristote.