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Page:Widor - Initiation musicale.djvu/14

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INITIATION MUSICALE

née d’hier et que les anciens ignoraient tout de l’acoustique : Pythagore amusait ses amis en tendant une corde sous laquelle il déplaçait un chevalet. Également divisée, chaque segment donnait l’octave de la corde entière ; par tiers, la quinte ; par quarts, la double octave… Et son contemporain Aristote ? Un cours de lui, en Sorbonne, attirerait la foule par la nouveauté des observations.

Pourquoi deux jattes égales, l’une vide, l’autre à moitié pleine, produisent-elles la consonance d’octave ?

Pourquoi l’accord d’octave paraît-il souvent un simple unisson ?

Pourquoi un chœur nombreux est-il plus d’ « ensemble » qu’un chœur restreint ? Ne serait-ce pas parce que, dans une nombreuse réunion d’exécutants, personne ne cherche à se signaler, à l’emporter sur la masse ? En petit nombre, les exécutants seront portés à rivaliser entre eux, plutôt qu’à se fondre dans l’ensemble.

Dans nos orchestres d’aujourd’hui, comme dans l’Orphéon antique, l’ensemble des « cordes » nous donne un pianissimo de mystère et de rêve incontestablement plus idéal que celui d’un quatuor (de quatre solistes).

Nous prenons plaisir en rythme par la régularité du nombre, par les mouvements ordonnés qu’il provoque en nous : nous prenons plaisir aux accords consonants parce que la consonance est une fusion d’éléments en rapport, et que ce rapport, c’est l’ordre.

Et parmi quantité de non moins judicieuses remarques, celle-ci d’un intérêt documentaire sans égal :

Pourquoi, supérieure à tous les instruments à cordes et à vent, la voix leur devient-elle inférieure si elle n’a pas le secours de la parole ?

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