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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/219

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contre toute invasion des ennemis. En outre, il leur prescrit d’entretenir une garnison dans les citadelles. Le gouverneur à qui l’ordre est donné fournit la citadelle de subsistances. Le roi, chaque année, se fait présenter un état des troupes mercenaires, ainsi que de ceux auxquels il est enjoint de porter les armes ; et, les convoquant tous, sauf les garnisons, au lieu fixé pour la réunion générale, il fait en personne la revue des troupes voisines de sa résidence, et confie l’inspection de celles qui sont éloignées à des officiers dévoués. Les commandants de place, les chiliarques[1], les satrapes, qui ont leurs troupes au complet, et qui présentent des escadrons bien montés, des bataillons bien armés, sont comblés d’honneurs et de magnifiques présents. Ceux des gouverneurs de province ou de place que le roi prend en délit de négligence ou de malversation sont punis sévèrement, privés de leur emploi, ou remplacés par d’autres chefs. Une telle conduite nous prouve infailliblement qu’il s’occupe de l’art militaire. Il fait plus : quelque pays de sa domination qu’il parcoure, il voit et juge tout par lui-même, et, partout où il ne peut voir par lui-même, il envoie des inspecteurs fidèles. Ceux des gouverneurs qui peuvent offrir à sa vue une province bien peuplée, un territoire bien cultivé, plein des arbres et des fruits que comporte la nature du sol, il augmente leur département, les comble de dons, et leur accorde une place d’honneur ; mais s’il voit un pays inculte, mal peuplé, à cause de la dureté, de la violence ou de l’incurie des gouverneurs, il les châtie, les casse ou leur substitue d’autres chefs[2]. Une telle conduite ne prouve-t-elle pas tout l’intérêt qu’il prend à ce que la terre soit bien cultivée par les habitants et bien défendue par les garnisons ? Aussi, pour atteindre ce double but, nomme-t-il des officiers qui ne réunissent pas les deux fonctions à la fois : les uns ont, dans leur districts, les propriétaires et les ouvriers, sur lesquels ils prélèvent des tributs, et les autres les grandes armées. Lorsque le chef de garnison ne veille pas, autant qu’il le doit, à la sûreté du pays, alors le chef des propriétaires et le surveillant des travaux se plaignent du chef militaire, dont la mauvaise garde nuit aux travaux agricoles ; et si, au contraire, malgré la sécurité faite aux travaux par le chef de garnison, le chef civil laisse le pays inculte et mal peuplé, alors c’est lui

  1. Commandants de mille hommes.
  2. On retrouvera cette organisation et ces détails administratifs dans la Cyropédie, liv. VIII, vi et vii.