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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/26

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tion, qu’est-ce autre chose que l’ordre qui raisonne, qui combine et qui agit, soit par le chef lui-même, soit par un auxiliaire intelligent et dévoué ? Et quel est l’auxiliaire naturel du chef de maison, sinon la femme ? D’où cette réflexion de Socrate, toujours vraie, toujours actuelle, après plus de deux mille ans écoulés : « Je pense qu’une bonne maîtresse de maison est tout à fait de moitié avec le mari pour le bien commun. C’est le mari le plus souvent qui, par son activité, fait entrer le bien dans le ménage, et c’est la femme qui, presque toujours, est chargée de l’employer aux dépenses : si l’emploi est bien fait, la maison prospère ; l’est-il mal, elle tombe en décadence. »

Mais où s’exercent particulièrement ces vertus du père et de la mère de famille ? En quel endroit règne vraiment l’économie ? Où peut-elle, si l’on peut dire, s’épanouir dans sa fleur et dans sa liberté ? À la campagne, loin du tumulte, du luxe et de la dépravation des villes, au sein de cette vie agricole, de ces labeurs rustiques, où l’âme se trempe plus vigoureusement, où le cœur conserve mieux sa candeur primitive, sous la double influence du ciel ouvert et du travail continu. Quelles ravissantes peintures, quelles fraîches images Xénophon fait alors passer sous nos yeux ! Comme on voit qu’il a savouré le bonheur calme et pur de cette existence champêtre, où s’est écoulée sa jeunesse, et dans laquelle, après une vie d’aventures et de déboires, sa vieillesse devait retrouver la douceur d’un long repos. « Est-il, dit Socrate avec un sentiment d’estime que Rousseau reproduit dans son Émile, est-il un art qui, mieux que l’agriculture, rende apte à courir, à lancer, à sauter ; qui paye d’un plus grand retour ceux qui l’exercent ; qui offre plus de charmes à ceux qui s’y livrent ; qui tende plus généreusement les bras à qui vient lui demander ce qu’il lui faut ; qui fasse à ses hôtes un accueil plus généreux ? En hiver, où trouver mieux un bon feu contre le froid ou pour les étuves qu’à la campagne ? En été, où chercher une eau, une brise, un ombrage plus frais qu’aux champs ? Quel art offre à la divinité des prémices plus dignes d’elle, ou célèbre des fêtes