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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/31

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applications et aux procédés techniques, il démontre, dans un exposé lumineux, qu’il n’y a point la moindre difficulté aux finesses qu’attribuent à l’agriculture ceux qui en dissertent merveilleusement en paroles, mais qui dans le fait n’y entendent rien. Cicéron, Virgile, Pline l’Ancien, Columelle, et peut-être aussi le vieux Caton, ce rude ami de la vie champêtre, sont venus tour à tour emprunter à Xénophon des idées, des observations, des conseils, pour les transmettre aux laboureurs et aux fermiers de l’Italie. Et l’on ne doit point s’étonner de voir tour à tour ces éminents esprits se faire, en quelque manière, les disciples de l’économiste grec. Nous nous sommes convaincu, en consultant des agronomes distingués, que la justesse de ses remarques, la vérité constante de ses procédés industriels, peuvent être encore d’une utilité positive et immédiate aux cultivateurs de notre époque.

Comparée au livre admirable de Platon, l’Apologie de Socrate de Xénophon semble froide et décolorée. On n’y trouve qu’un léger souvenir, une image lointaine de cette ironie vive, amère, mais toujours contenue, dont Platon arme la défense éloquente de son maître. L’Apologie de Platon, ainsi que le fait remarquer Denys d’Halicarnasse dans sa Rhétorique, se divise en trois parties distinctes, qui forment comme les trois actes de ce dramatique monologue. Suivant l’ordre usité dans les jugements athéniens, la première partie contient la réfutation que Socrate oppose à ses accusateurs ; dans la seconde, reconnu coupable par les juges, il discute la peine qui doit lui être infligée ; dans la troisième, condamné à mort, il expose ses idées sur le passage de l’âme à une vie meilleure. L’Apologie de Xénophon n’offre rien de semblable ; l’auteur le dit lui-même. « Je ne me suis point préoccupé de rapporter tous les détails du procès : il m’a suffi de faire voir que Socrate avait attaché la plus grande importance à démontrer qu’il n’avait jamais été impie envers les dieux, ni injuste envers les hommes, mais qu’il ne pensait pas devoir s’abaisser à des supplications pour échapper à la mort ; qu’au contraire il était persuadé, dès