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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/157

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LE BOUTE-CHARGE

Quelquefois, une averse surprenait la bête au milieu de ses ébats nocturnes. C’était là que les gardes d’écurie l’attendaient. C’était leur vengeance, cette averse. Toutes les portes se fermaient comme par enchantement. En vain, l’oreille basse, la mine piteuse, Nankin se présentait-il à l’une ou à l’autre. Elles demeuraient closes, impitoyables, et il en était réduit à se coller contre un mur en s’y faisant le plus petit possible pour éviter la pluie.

Qui pourrait dire à quelles séries de raisonnements se livre le cheval militaire ?… À la suite de quels syllogismes obscurément échafaudés certains d’entre eux ont-ils soin de laisser au fond de leur mangeoire un peu d’avoine qu’ils dévorent au moment de partir à la manœuvre ?

Ils semblent soumis à tous les sentiments qui nous agitent. Ainsi, la peur, par exemple : non pas la peur d’un danger visible, mais cette peur irraisonnée qui semble uniquement le résultat de l’éducation reçue, qui est, chez l’enfant, la peur du fantôme, chez l’homme la peur de l’in-