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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/158

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LE BOUTE-CHARGE

connu. Qui croirait qu’il y a des chevaux qui ont peur la nuit ? Les moyens que ceux-la emploient pour se faire tenir compagnie par le falot du garde d’écurie sont merveilleux. Tantôt ils font un bruit effrayant avec leur chaîne d’attache ; tantôt ils décrochent leur barre de séparation et crient de manière à faire croire à un accident. J’en ai vu un qui mordait ses voisins pour les obliger à se plaindre, soit qu’il ne voulut pas se donner la peine de crier lui-même, soit qu’il trouvait dans les clameurs des voisins une distraction à ses pensées. Ceux-ci ruaient, hennissaient. L’homme de faction accourait et le fauteur du scandale, contemplant fixement son râtelier, prenait la physionomie la plus innocente du monde. Dés que le falot disparaissait, mêmes appels, mêmes lamentations : tout était à recommencer.

Leur mémoire se développe d’une façon extraordinaire. Des chevaux réputés intraitables laissent se coucher sous leurs jambes et lèchent doucement le cavalier dont ils n’ont reçu que des caresses.