Aller au contenu

Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
LE BOUTE-CHARGE

vient, nous sortons des écuries et nous nous rangeons en bataille au milieu de la cour. Dans la demi-obscurité du crépuscule, l’appel se fait vite et est rendu au colonel qui jette son commandement : « À cheval ! »

En tenue de campagne, sur leurs selles paquetées, les dragons s’alignent silencieusement. Bientôt, nous rompons par quatre et nous traversons au pas la petite ville picarde.

Sans sonneries, sans joyeuses fanfares de trompettes, sans un mot, la colonne marche sous les regards étonnés des bonnes gens qui respirent l’air du soir, sur le pas de leurs portes.

Ce doit être pour eux un spectacle étrange que cette longue file de chevaux qui frappent sourdement le pavé des rues étroites. Plus d’un doit se demander où nous allons ainsi avec toutes nos armes, tous nos bagages, au moment où la nuit s’épaissit. Est-ce un brusque départ ?…

Est-ce une simple manœuvre ? Et nous-mêmes, nous aimons à nous figurer que nous quittons pour longtemps la garnison, que nous marchons vers un inconnu désiré, ardemment espéré.