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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/209

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LE BOUTE-CHARGE

Enfin, un superbe cuirassier, s’avance nu-tête, en traînant le sabre.

— À moi, mon général.

— Tiens : tâche de ne plus perdre ta pipe. Un bon soldat ne doit rien perdre, pas même sa pipe.

— Merci, mon général !


Je n’oublierai jamais l’incident qui signala notre dernière journée de manœuvres, à l’automne de 1882. Nous avions évolué autour d’une petite sous-préfecture de l’extrême-Est. Vers midi, nous rentrions au cantonnement, tout poussiéreux, lourds de cette lassitude physique et morale qui suit les fièvres des grandes galopades. Soudain, une voix retentissante commande coup sur coup Sabres à la main et Présentez sabres.

Les régiments passent devant un petit monument de maigre apparence, aux pierres usées, rongées par la mousse. Mais sur la colonnette tronquée, l’éclatante lumière du soleil fait flamboyer la dorure d’une inscription qui, sur