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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/208

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LE BOUTE-CHARGE

nous vient à tous… Vous la connaissez bien, cette pensée, vous qui arrêtiez à grand peine, aux cris cent fois répétés des trompettes sonnant la halte, vos chevaux lancés à fond ; et qui, sautant à terre, vous empressiez de donner à vos adversaires momentanés une poignée de main dans laquelle vous mettiez vos espérances, votre foi dans cet avenir qui vous jettera tout frémissants en présence de l’ennemi vrai.

Pied à terre à volonté. Les deux divisions au repos commentent vivement la bataille. Et il se fait, dans ces moments, un rapprochement involontaire entre les chefs et le soldat. Un jour, notre général de brigade se baisse, ramasse un petit objet et se relève en criant, les bras en l’air :

— Une pipe ! à qui la pipe ! — un affreux brule-gueule en bois noirci. Et toute la brigade de s’écrier.

— À qui la pipe ! Qui a perdu sa pipe ! On le trouvera… on ne le trouvera pas !… Il ira la chercher… n’ira pas.