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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/222

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LE BOUTE-CHARGE

— Vous vous trompez. C’est lui-même qui a demandé à s’en aller.

— Allons donc ! pas possible, cela.

Et les suppositions vont leur train. N’importe, une ombre de tristesse s’est appesantie sur le régiment. C’est qu’il était aimé de ses hommes, le vieux colonel. On le savait juste sans raideur, bon, sans faiblesses. On avait confiance en lui. À ces regrets sympathiques se mêlent la crainte égoïste du successeur, la méfiance instinctive contre le nouveau, l’inconnu. Comment sera-t-il, celui-ci ? Pourra-t-on s’habituer à lui ?

Lorsque le colonel vient au quartier, il semble maintenant que le factionnaire lui présente l’arme avec ce respect plus marqué qui s’adresse autant à l’homme qu’au galon. Il semble que le corps de garde mette un empressement plus vif à venir se ranger sur son passage pour lui rendre les honneurs, et que les dragons qui le rencontrent dans la cour portent la main au képi avec une sorte de vénération. On croit remarquer que le matin, au rapport, les chefs