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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/235

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LE BOUTE-CHARGE

Le père Lemeureur
Est un voleur.
Il a volé
Tous ses tisseurs.
En avant, marchons !

C’était la grève d’un millier d’ouvriers tisseurs employés dans une grande fabrique dont le propriétaire était alors enfermé dans la maison défendue par la gendarmerie. Nous restions immobiles. Je regardais le capitaine qui, le sabre au fourreau, examinait tranquillement la place. On commençait à jeter à travers les jambes de nos chevaux de longues tiges d’acier qui servent aux ouvriers d’aiguilles à métiers. Et comme, devant cette attaque brutale, nous allions oublier toute considération pour ne plus songer qu’à la sécurité de nos pauvres bêtes, comme un tressaillement de colère courait sur le front de l’escadron, le capitaine se retourna vers nous en riant de ce bon rire gouailleur dont il avait le secret :

— Restez donc tranquilles ; tout à l’heure, ils vont aller se coucher.