Aller au contenu

Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
LE BOUTE-CHARGE

En même temps, le capitaine fit quelques pas en avant. Jamais je n’oublierai l’air de dignité calme, de sang-froid inaltérable qui se répandit sur son visage, à ce moment dangereux où l’un de ces hommes exaspérés voyant en lui le chef de ceux qu’ils devaient considérer comme des ennemis, pouvait lui porter un mauvais coup.

Le capitaine est jeune, trente ans à peine. Il a gagné la double épaulette en Algérie et en Tunisie. Il a le talent de réduire les mauvais sujets et de les ramener à la bonne conduite, rien que par la manière spéciale, bien à lui, dont il leur dit : « Pourquoi fais-tu donc la mauvaise tête ?… Moi qui te croyais un bon soldat ! » Il a donné à ses sous-officiers une haute idée de leurs devoirs. Parmi les hommes, il n’est personne qui ne soit prêt à tout pour obtenir une marque d’approbation de cet élégant jeune homme à la figure mâle et résolue, au geste calme, à la parole toujours mesurée, sans un gros mot. Par une sorte d’intuition, il sait donner à chacun ce qui lui convient pré-