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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/246

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LE BOUTE-CHARGE

voisin, dans l’âcre parfum de la corne brûlée, a lieu le ferrage. Et c’est une scène d’une imposante énergie, — surtout lorsqu’un cheval se refuse, que d’un brusque mouvement de reins, il envoie rouler à six pas le cavalier qui tient la jambe, le sabot posé sur son genou, qu’il faut employer le tord-nez et le voile. Il faut voir alors la lutte du maréchal aux prises avec l’animal furieux, lutte sans cris, presque à bras le corps, où le cheval se défend avec les puissants tressauts, avec les ruades et les morsures, avec toutes ses défenses, où l’homme emploie toute son habileté, toute sa force à enfoncer un clou ; lutte réellement pittoresque, dans le cadre rouge des flammes de la forge, où la bête finit toujours par s’humilier, vaincue, palpitante, les nasaux en feu, l’œil injecté de sang. Là se meut un personnage aux formes athlétiques, au visage grave sous les cheveux gris, l’œil froid, le cou et le thorax puissants. C’est le maréchal des logis maître maréchal, vieux déjà, tournant à l’obésité, mais droit comme