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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/247

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LE BOUTE-CHARGE

un chêne, vigoureux comme une masse de fer, s’amusant parfois à faire tomber un conscrit à genoux en lui donnant une poignée de main, ou à soulever deux hommes à la fois, un au bout de chaque bras. Tout, en lui, est force et calme. Ravel a fait la campagne de 1870. Et quelquefois, — rarement — il raconte comment il a sauvé la forge un jour de bataille. Chose étrange : c’est surtout dans ses moments de colère qu’il lui arrive de faire son récit — avec un emportement furieux des yeux et de la parole, tandis que, les bras croisés sur sa vaste poitrine, assis sur le bord de l’enclume, le corps garde une tranquillité majestueuse : c’est lorsqu’il a vu des hommes renversés par un cheval qu’il est obligé de dompter lui-même, c’est lorsqu’il est mécontent du travail de ses maréchaux, qu’il ne trouve pas autour de lui ce tumultueux entrain dont il a besoin, que ça ne ronfle pas, selon son énergique expression. Alors, il commence par lancer à droite et à gauche des jurons que l’on dirait extraits du feu de