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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/254

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LE BOUTE-CHARGE

Les paroles du colonel bourdonnaient à mes oreilles :

— Ravel, sauve la forge !

Oui, il fallait sauver la forge. Une foule de réflexions me traversèrent le cerveau comme des éclairs se succédant dans le même instant.

Un seul mouvement, et j’étais mort.

Ce n’était rien, cela, mais la forge !

Il ne fallait pas me faire tuer.

Je dis au hussard : « Je me rends ! » Je jetai mon revolver, je décrochai mon ceinturon et laissai tomber mon sabre…

À cet endroit du récit, tout bruit s’est éteint dans l’antre noir. Les brasiers que n’avivent plus les soufflets ont apaisé leur fournaise. Et tous les auditeurs, maréchaux, aides, cavaliers, contemplent, la poitrine haletante, les dents serrées, le héros de l’aventure. Ravel jette un regard autour de lui, et sourit. — Que de choses dans ce sourire !

— Oui, tas de pierrots, je me suis rendu, moi. Il n’y avait que ça à faire, n’est-ce pas ?