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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/253

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LE BOUTE-CHARGE

lorsque je vis mon deuxième conducteur tomber, le nez sur l’encolure de son cheval, la bouche pleine de sang, la lèvre crispée comme par un éclat de rire : la balle du hussard l’avait tué raide. En même temps, mes deux aides, perdant la tête, prirent à travers champs malgré mes cris et disparurent. Je ne les ai jamais revus. Il est probable qu’ils auront été tués. Mais je vous garantis que si jamais ils m’étaient tombés sous la main… Enfin, bref, je ne perdais pas de temps.

Tout cela s’était passé en moins d’une minute et déjà j’avais coupé les traits, et je les rattachais tant bien que mal aux deux chevaux qui me restaient.

J’allais me mettre en route : trois autres hussards avançaient au galop, à la suite des deux premiers. L’un d’eux, un sous-officier, fit un signe ; aussitôt un cavalier mettant pied à terre, pendant que ses camarades continuaient leur chemin, vint à moi et me dit en très bon français : « Vous êtes prisonnier. Restez là ! » Il braquait sur moi le canon de sa carabine.