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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/43

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LE BOUTE-CHARGE

ront besoin demain pendant les évolutions sur le terrain, et les courses à travers champs.

Soudain, dans ce calme profond, la trompette.

Elle retentit, subite, inattendue, effarouchant le silence, stupéfiant la lourdeur de l’ombre ; c’est le boute-selle à mesure cadencée, aussitôt suivi de la charge avec ses coups de cuivre précipités : une rumeur d’alarme : une phrase d’une inquiétante majesté, puis un roulement d’appels brefs ; une sonnerie vigoureuse qui empoigne, enlève, bouscule, crie, tempête et finit dans un éclat strident comme pour dominer le tumulte.

Aux premiers sons de la fanfare nocturne, les chevaux, debout, ouvrent des yeux étonnés, écoutent, l’oreille inquiète, le sabot impatient. Les gardes d’écurie, réveillés en sursaut allument vivement des falots et lancent des holà prolongés pour calmer la fougue des bêtes épouvantées. Dans les chambres, les hommes dressent la tête ; de tous les tumulus, des ombres surgissent. Des bougies s’allu-