Aller au contenu

Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
LE BOUTE-CHARGE

sées par le pays. Bientôt, il se laissa bercer par un enthousiasme viril qui mettait une flamme dans son œil noir quand il parlait du régiment.

Dans la chambrée, on le respectait, on l’aimait et on le craignait. Il avait subi avec sa bonne humeur toute française ces mille taquineries agaçantes qui tendent à disparaître de jour en jour — heureusement, soit dit en passant.

Mais, une fois, il avait eu occasion d’user de sa force, non pour lui-même, — comme il arrive toujours avec ces grands enfants, les facéties s’étaient arrêtées net des qu’on avait vu qu’il en riait le premier, — mais pour un autre : un de ces conscrits à caractère indéfini laissant s’amasser dans leur âme une désespérance ou une haine qui peu à peu, fatalement les conduisent à l’hôpital, quelquefois à des tentations de suicide, ou pis encore à la désertion et à l’assassinat. Ces hommes mal trempés, peu faits pour la vie en commun, sautant sur leur sabre à la première baliverne