dans les derniers frissons de l’hiver les premières ardeurs du soleil. J’ai aspiré largement ce flot de vie se berçant dans le ciel, j’ai pris une grande joie à ces parfums chauds & un peu âcres qui montaient de la terre.
À chaque printemps, mon cœur rajeunit, ma chair devient plus légère. Il y a purification de tout mon être. Devant ce ciel pâle & clair, d’une blancheur éclatante au levant, ma jeunesse s’est éveillée. J’ai regardé la grande muraille ; elle était nette & propre, & des brins d’herbe avaient poussé entre les pierres. J’ai regardé dans la rue : les pavés & les trottoirs blanchissaient ; les maisons, lavées par les pluies, riaient au soleil. La jeune saison donnait sa gaieté à toutes choses. J’ai croisé mes bras avec force ; puis, me retournant :
— Lève-toi, lève-toi, ai-je crié à Laurence, voici le printemps qui nous appelle !
Laurence s’est levée, tandis que je suis allé emprunter une robe & un chapeau à