Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/178

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Marie & vingt francs à Jacques. La robe était blanche, semée de bouquets lilas ; le chapeau avait de larges rubans rouges.

J’ai pressé Laurence, je l’ai coiffée moi-même, j’avais hâte d’être au soleil. Dans la rue, j’ai marché rapidement, ne levant pas la tête, attendant les arbres ; j’entendais avec une sorte d’émotion recueillie le bruit des voix & des pas. Au Jardin du Luxembourg, en face de grands massifs de marronniers, mes jambes ont fléchi, j’ai dû m’asseoir. Il y avait deux mois que je n’étais sorti. Je suis resté là sur un banc, un grand quart d’heure, à m’abîmer dans la jeune verdure, dans le jeune ciel. Je venais d’une telle nuit que le printemps m’éblouissait.

Alors, j’ai dit à Laurence que nous allions marcher longtemps, longtemps, devant nous, jusqu’à ce que nous ne puissions plus marcher. Nous irions ainsi dans l’air tiède, humide encore, en pleine herbe, en plein soleil. Laurence, qui s’éveillait,