Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/229

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le sens de ces taches sombres qui s’allongeaient, s’élargissaient, laissant deviner parfois une tête ou un bras. La tête & le bras se déformaient aussitôt, se fondaient. Je n’apercevais plus qu’une sorte de flot d’encre oscillant, se répandant de tous côtés, barbouillant la muraille. Je voulais comprendre, & j’arrivais à distinguer des silhouettes monstrueuses d’animaux, des profils étranges. Je me perdais dans le cauchemar de cette vision, je suivais avec terreur ces masses qui dansaient sans bruit, je frémissais à la pensée de ce que j’allais découvrir, je pleurais de rage en voyant que tout cela n’avait aucun sens & que je ne saurais rien. Et, tout à coup, le flot d’encre, dans un dernier saut, dans une dernière grimace, coulait le long du mur, le long des ténèbres. Le carré de lumière jaune restait de nouveau désert, morne. Les ombres avaient passé, sans me rien révéler. Je me penchais, plus désespéré, attendant le terrible spectacle, me disant