Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/239

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musique pénétrante, il me semblait que mon pauvre cœur endolori se berçait & s’endormait.

Laurence, les yeux ouverts, regardait le mur, impassible. Ma voix ne semblait pas arriver jusqu’à elle. Elle était là aussi muette, aussi morte que si elle s’était trouvée dans une grande nuit, dans un grand silence. Son front dur, sa bouche froide & crispée annonçaient la résolution implacable de ne pas écouter, de ne pas répondre.

Alors j’ai éprouvé un âpre désir d’obtenir une parole de cette femme. J’aurais donné mon sang pour entendre la voix de Laurence ; tout mon être se portait vers elle, la conjurait, la priait à mains jointes de parler, de prononcer un seul mot. Je pleurais de son silence, une sorte de vague malaise grandissait en moi à mesure qu’elle devenait plus morne & plus impénétrable. Je me sentais glisser à la folie, à l’idée fixe ; j’avais l’impérieux besoin d’une réponse,