Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/240

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je faisais des efforts surhumains de prières & de menaces pour contenter ce besoin qui me dévorait. J’ai multiplié mes questions, appuyé sur mes demandes, changé la forme de mes interrogations, les rendant plus pressantes ; je me suis servi de toute ma douceur, de toute ma violence, implorant, ordonnant, parlant d’un ton caressant & soumis, puis me laissant emporter par la colère, & me faisant ensuite plus humble, plus insinuant encore. Laurence, sans un frisson, sans un regard, paraissait ignorer ma présence. Toute ma volonté, tout mon désir furieux se brisaient contre l’impitoyable surdité de cet être qui se refusait à moi.

Cette femme m’échappait. Je devinais une barrière infranchissable entre elle & moi. Je tenais son corps étroitement serré, je sentais ce corps s’abandonner avec dédain à mon embrassement. Mais je ne pouvais ouvrir cette âme, entrer dedans ; le cœur & la pensée se dérobaient ; je