Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/284

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plus vivante & plus calme. La face s’apaise, il y a des lueurs roses sur les joues ; les membres sous le drap ont moins de raideur ; Marie, devant mon regard, se détend, sort de l’agonie. Moi, je m’absorbe en elle, je prends ses souffrances ; peu à peu, il me semble que je passe par ses lèvres entrouvertes & que je fais partie de cette créature malade ; j’éprouve une sensation douce & amère à languir avec elle, à défaillir lentement ; je sens l’inexorable mal prendre possession de chacun de mes membres, me secouer avec une violence croissante, à mesure que mes regards pénètrent plus avant dans ceux de Marie ; je me dis que je vais mourir à la même minute qu’elle, & j’ai une grande joie.

Oh ! quel étrange attrait & quel apaisement ! La mort est puissante, elle a des tentations âpres, d’irrésistibles appels. Il ne faut pas se pencher sur les yeux d’un mourant, car ils sont pleins de lumière & si profonds que leurs abîmes donnent le