Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/285

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vertige. On voudrait voir ce que voient ces yeux agrandis, on est pris de l’effrayante curiosité de l’inconnu. Toutes les fois que Marie me regarde, je désire mourir, m’en aller avec elle pour savoir ce qu’elle saura ; je crois deviner qu’elle me sollicite, qu’elle me prie de ne pas l’abandonner, qu’elle fait le rêve de nous en aller de compagnie, risquant le même néant ou la même splendeur.

J’oublie alors, j’oublie Laurence. Moi qui vois Laurence dans toutes choses, dans la veille & dans le rêve, dans les objets qui m’entourent, dans ce que je mange & dans ce que je bois, je ne vois pas Laurence au fond des yeux de Marie. Je n’y vois que cette lueur bleue, plus pâle aujourd’hui, que j’ai aperçue une nuit, tandis que mes lèvres touchaient les lèvres de l’enfant. Cette lueur bleue est vide de mon amour, elle est vide de douleur pour moi, elle est la seule chose que je puisse regarder sans pleurer. C’est pourquoi j’aime