Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/44

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la sainte ignorance des étreintes, mes lèvres timides n’ont point trouvé des lèvres timides comme elles. Je ne connaîtrai jamais ce naïf tâtonnement des caresses, cette innocence du couple qui ne sait comment déchirer le voile. Ils frémissent, se pressent étroitement & pleurent de ne pouvoir se confondre. Et comme ils sont là, hésitant, cherchant une issue pour leur âme, voilà que leurs lèvres se rencontrent & qu’à tous deux ils ne font plus qu’un seul être.

Puis, lorsque la science est venue, lorsque l’amante & l’amant ont ensemble, dans un baiser, pénétré la loi de Dieu, quelle doit être leur félicité de se devoir les mêmes clartés, le même infini ! Ils n’ont fait qu’échanger leur virginité : ils se sont pris l’un à l’autre leur robe blanche, &, maintenant, tous deux ont encore le vêtement des chérubins. Mêlant leur souffle, souriant du même sourire, ils se reposent dans leur union. Heure sainte où les cœurs battent plus librement, trouvant un