Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/72

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passées ensemble, moi me contant quelque histoire, elle mêlant son rêve au fil de la broderie, nous uniraient d’une amitié plus douce & plus profonde. Elle a accepté cette idée de travail, comme elle accepte chacun de mes désirs, avec une obéissance passive, singulier mélange d’indifférence & de résignation.

Après quelques recherches, j’ai découvert une vieille dame qui a bien voulu lui confier un peu d’ouvrage pour juger de son habileté. Elle a veillé jusqu’à minuit, car je devais reporter cet ouvrage le lendemain matin. Je me suis couché avant elle, & je l’ai regardée. Elle paraissait dormir ; son morne accablement ne l’avait pas quittée. L’aiguille, courant froide & régulière, me disait que le corps seul travaillait.

La vieille dame a trouvé la mousseline mal brodée ; elle m’a déclaré que c’était là le travail d’une mauvaise ouvrière, & que je ne trouverais personne qui se contentât