Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de ces grands points & de ce peu de grâce. J’avais craint ce qui arrivait : la pauvre fille, ayant eu des bijoux à quinze ans, ne pouvait en savoir long. Heureusement, quant à moi, je cherchais dans son travail la lente guérison de son cœur, & non l’habileté de ses doigts, ni le gain de ses veilles. Pour ne pas la rendre à l’oisiveté en lui imposant moi-même une tâche, j’ai résolu de lui cacher le refus décourageant de la vieille dame.

J’ai acheté une bande de broderie, & je suis rentré, lui disant que son ouvrage était accepté & qu’on lui en confiait d’autre. Puis je lui ai remis les quelques sous qui me restaient, comme salaire de sa première veille. Je savais que le lendemain peut-être je ne pourrais agir ainsi, & je le regrettais. J’aurais désiré lui faire aimer la saveur du pain gagné honnêtement.

Laurence a pris l’argent, sans s’inquiéter du repas du soir. Elle a couru faire emplette d’une rangée de boutons en velours